08 novembre 2006

Elio président... et pour longtemps ?


Quand un quotidien français s’intéresse à la politique belge cela manque rarement d’intérêt. Quand le papier en question est publié dans « Le Monde » et signé Jean Pierre Stroobants (un ancien du Soir, il connaît donc bien le terrain) cela devient une lecture franchement indispensable. A la différence des confrères obligés de produire des papiers quotidiens le correspondant « français » à Bruxelles peut s’offrir le temps du recul et restitue une vue d’ensemble, synthèse et analyse de la situation francophone. Dans ce papier le journaliste souligne donc les difficultés de la Wallonie et de son chômage record, relayant les critiques du patronat wallon envers l’enseignement de la communauté française. Il poursuit avec les errements de certains membres du parti socialiste. Comme le ministre-président wallon et le président du PS ne font qu’un le papier se cristallise sur la personne d’Elio Di Rupo : « il avait affirmé, lors de son accession à la tête du parti, sa volonté de le réformer et soulignait la nécessité d’opérer une relance forte de la région. M. Di Rupo est en train d'échouer sur les deux plans. » Ainsi résumé en deux phrases, le constat est cruel, et devrait piquer au vif le boulevard de l’empereur. Stroobants, poursuit en estimant qu’Elio Di Rupo n’est plus dans la course pour le 16 alors qu’Yves Leterme peut en avoir l’ambition.
On voudrait prolonger l’analyse de ce brillant confrère en mettant l’accent sur la situation interne au parti socialiste. Si le 16 semble s’éloigner Elio Di Rupo pourrait en revanche s’installer durablement au boulevard de l’empereur.Le revers de Laurette Onkelinx à Schaerbeek ne lui permet plus de revendiquer une prise du pouvoir rapide au sein du parti. Laurette affaiblie, la perspective de voir plusieurs candidats se présenter (Rudy Demotte, Willy Demeyer, et Jean Claude Van Cauwenberghe, pourraient bien y penser) et le risque d’ouvrir un guerre de succession interne est le meilleur atout d’Elio Di Rupo. Dans la situation actuelle celui ci garde la maîtrise du calendrier socialiste. Car sans en faire le « régent » que la presse flamande se plaît à décrire, le président du PS reste un poste central : qu’Elio Di Rupo quitterait probablement à regret. Et même si ses nombreux voyages à l’étranger relance les rumeurs d’une recherche d’un poste international, le bourgmestre empêché de Mons pourrait donc souhaiter rester président pour longtemps. La modification des statuts internes qui lui permet de se représenter prend aujourd’hui tout son sens.

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