20 avril 2007

Frictions de fin de législature


Le dernier devoir d’une majorité est traditionnellement de boucler la leste des articles à réviser. C’est ce qu’impose l’article 195 de la constitution : ouvrir sous une législature, ce que l’on pourra changer sous la suivante, par un vote à la majorité des deux tiers. En 2003 il avait été décidé d’ouvrir à réviser cet article 195. Idée : simplifier la procédure pour pouvoir éviter les blocages institutionnels et changer plus facilement la constitution. Inutile de vous faire un dessin : l’article 195 est un verrou qui protège les francophones. En 2003 l’idée de toucher à cet article 195 avait déjà divisé les sénateurs, il n’y avait eu qu’une voix de différence. Il y a deux semaines les partis de la majorité (tous les présidents réunis autour du premier ministre) avaient pourtant convenu de reconduire la liste des articles ouverts à révision, article 195 inclus.
C’était sans compter sur les caractères forts de Jean Marie Happart et Anne Marie Lizin. Le groupe PS depuis hier fait donc entendre sa différence au sénat. A tel point que le MR a à son tour ruer dans les brancards : du genre « si le PS fait savoir qu’il a des états d’âme alors nous aussi, pas question d’être les seuls à respecter la consigne de vote ». Ce vendredi Didier Reynders et Christine Defraigne (chef de groupe au sénat) se sont donc retrouvés face à Philippe Moureaux et Frédéric Delcor (chef de cabinet d’Elio Di rupo) à la chancellerie du premier ministre. Guy Verhofstadt et Rennaat Landuyt (SPA) en position d’arbitres n’ont pas pu dénouer la crise. En commission Jean Marie Happart a donc voté contre l’ouverture à révision du 195, Anne Marie Lizin, puis le groupe MR se sont abstenus. En soi ce n’est pas une catastrophe. Le vote est resté positif (6 voix « pour », 4 « contre », et 4 abstentions) et à la chambre déjà Olivier Maingain s’était abstenu. Sur la forme en revanche cela indique une certaine instabilité de la coalition violette. Guy Verhofstadt, intervenu personnellement à deux reprises n’a plus les moyens d’imposer une ligne de conduite à l’ensemble des sénateurs de la majorité. Le fait que l’une des « rebelles » soit tête de liste au sénat ne simplifie pas les choses. On peut donc s’interroger sur la sincérité de l’accord passé entre partenaires de la majorité. Soit Elio Di Rupo n’est mesure d’imposer un vote à tous les sénateurs socialistes, Anne Marie Lizin y compris. Soit il a décidé de laisser une marge de manœuvre à la présidente du sénat en pleine campagne électorale. Stratégie dangereuse. Si la semaine prochaine, lors du vote en séance plénière le 195 venait à être recalé (on en est pas encore là, mais cela fait désormais partie des scénarios possibles) l’hypothèse d’une reconduction de la coalition violette aurait pris un sacré coup.

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