29 décembre 2013

Les archives qui tuent

    C'est une plongée dans les archives qui vaut le détour. Alors que Damien Thiery vient d'annoncer son ralliement au Mouvement Réformateur et qu'il n'épargne pas Olivier Maingain je me suis remémoré cette interview accordée à Télé Bruxelles en septembre 2012.

   Une éternité en politique, largement le temps de changer d'avis. Au cours de cette interview Damien Thiery défend bec et ongles les dernières déclarations d'Olivier Maingain (à l'époque  le président des FDF a estimé que le premier ministre Elio Di Rupo  a donné raison aux 'fascistes' en soutenant le Gordel, exactement le type d'exces de langage que Damien Thiéry dit aujourd'hui condamner). 

   Ecoutez aux alentours de 5 minutes "le  contenu de ces propos est extrêmement pertinent " ou encore "M. Maingain a toujours défendu de la meilleure façon qui soit les francophones de la périphérie" précise le bourgmestre non-nommé , qui ne semble pas du tout enclin à critiquer son président de parti, alors qu'une présidentielle interne se profile. À l'époque ces déclarations  étaient beaucoup plus favorables à Olivier Maingain que celles tenues par Bernard Clerfayt ou Didier Gosuin qui s'interrogeaient à voix haute sur le nécessité d'avoir du sang neuf à la tête de leur formation politique. 
 
    Un an plus tard, en novembre 2013 (c'est la toussaint, il est théoriquement en pleine réflexion sur son avenir politique si j'en crois le récit proposé aujourd'hui) Damien Thiery participe aux Experts. Il décoche quelques flèches aux partis qui ont négocié la réforme de l'Etat, dont le Mouvement Réformateur :  "il faut revenir sur la parole des politiciens en 2010 qui disaient qu'en cas de scission de BHV on élargirait Bruxelles" . 'Politiciens' : le terme est péjoratif. Habituellement il désigne un homme ou une femme politique qui fait passer sa carrière et son ambition avant ses engagements.



     Pour la route, je vous ajoute cette déclaration du 15 septembre 2011, malheureusement sans lien vidéo. Ce matin-là  quelques heures avant que le FDF ne rejette officiellement l'accord sur la réforme de l'Etat, Damien Thiéry tient les propos suivants :
"Je peux difficilement m'inscrire dans ce qui a été décidé. On a utilisé la nomination des bourgmestres contre la scission de BHV. Si la nomination des bourgmestres doit être tranchée par le Conseil d'État, c'est un peu la roulette russe, car selon que le Président du Conseil sera francophone ou néerlandophone on aura une décision favorable ou pas. Je constate aussi qu'on est en train de retirer des droits aux 80 000 francophones des communes sans facilités. Il sera très délicat de dire "oui" à cet accord".

 Allez, vive les archives. Et les journalistes qui vont y faire un tour de temps à autre.

09 décembre 2013

Magnette et Tobback relancent la "famille socialiste"


Paul Magnette a annoncé lundi midi sur Télé Bruxelles le lancement d'une série de conférences communes avec son homologue du SPA Bruno Tobback : "on partage une philosophie, une vision de la société, des valeurs, et pour tous les grands dossiers de ce gouvernement nous nous sommes soutenus, les dossiers importants sont menés conjointement par le PS et le SPA" a indiqué le président du PS.  La première de ces conférences aura lieu mercredi sur le site de l'ULB, avant d'autres rendez-vous programmés en Wallonie et en Flandre.

Paul Magnette a par ailleurs  réclamé une réforme de la directive européenne sur le détachement des travailleurs , actuellement débattue au conseil européen "on va tuer  notre tissu économique, il faut une convergence sur les lois sociales et surtout renforcer les contrôles".

Interrogé sur la succession de Freddy Thielemans, Paul Magnette  a apporté un franc soutien à Yvan Mayeur, futur bourgmestre, " c'est un parlementaire actif, brillant qui a de l'expérience, parfois un peu raide dans l'expression mais c'est ce qui fait son charme,  vous verrez, il  fera un excellent bourgmestre". Il a en revanche été plus discret sur la désignation de Pascale Peraita à la présidence du CPAS de Bruxelles "je ne la connais pas personnellement" a-t-il  sobrement commenté. 

08 décembre 2013

Les leçons de journalisme d'Yvon Toussaint







Ce matin je réécoute deux interviews d'Yvon Toussaint sur Tele Bruxelles. L'un pour la sortie de son recueil de chronique au Soir, quelques minutes dans le cadre du journal. L'autre, plus long, consacré à l'ensemble de son parcours face à Sabine Ringhelheim pour le magazine Rencontre. 
Je me souviens être venu le saluer à l'issue de l'un de ses passages dans nos locaux. Il était souriant, joyeux, et savait parfaitement qui j'étais, ce qui m'avait flatté. En attendant son taxi nous avions parle du Soir, du journalisme, de la télé et des réseaux sociaux, des présentatrices de Télé Bruxelles qui venaient de l'interviewer et qu'il avait appréciées. 





















En postant ces liens je me propose de partager ces interviews avec vous. On y parle d'écriture et de journalisme. On y rappelle qu'Yvon Toussaint démissionna lorsque le groupe Hersant fit son entrée au capital de son journal, ce qui démontre un certain panache et un sens moral certain. Je retiens pour mes propres moments difficiles (la campagne électorale à venir y est parfois propice) que les rapports entre les journalistes et les politiques sont toujours délicats. Dans Rencontre Yvon Toussaint explique très bien qu'il trouvait sa rédaction trop proche du FDF à l'époque, et qu'il ne faut pas confondre la défense de valeurs et la promotion d'un parti sensé les porter. Au contraire disait-il, il ne faut rien laisser passer à son propre camp. Je vais essayer de mémoriser la leçon. 

01 décembre 2013

Génération Laurette

O
 
Laurette Onkelinx
C'est un  changement comme il n'en survient que tous les 10 ou 15 ans. Peu d'observateurs l'ont relevé et ce sera pourtant l'une des grandes nouveautés du scrutin de l'an prochain. Entre 2010 et 2014 les fédérations bruxelloises des deux plus grands partis francophones, le MR et le PS, ont changé de patron. Ces president(e) sont en charge de la confection des listes, c'est en cours, du programme, cela arrivera bientôt,  et de l'incarnation de la campagne dans les médias, ce sera pour l'année prochaine : de quoi conditionner une élection et donner une toute autre saveur aux analyses à venir. 

Didier Reynders et Laurette Onkelinx sont donc occupés à prendre leurs marques et à marquer de leurs empreintes respectives cette période cruciale qui précède la campagne elle-même. Je reviendrais sur Didier Reynders dans une prochaine chronique, intéressons nous aujourd'hui à Laurette Onkelinx. 

Depuis qu'elle a pris les rênes de la fédération socialiste  le rythme de travail de la vice-première ministre  s'est encore accéléré. Considérée comme un élément central du gouvernement fédéral, ce n'est pas moi qui le dit mais un ministre flamand avec qui j'ai eu l'occasion d'en discuter : 'Laurette Onkelinx possède une grande connaissance de ses dossiers, défend crânement ses positions, sait faire preuve de caractère mais respecte les accords et les concessions obtenues par ses adversaires.' Un sans faute et beaucoup de louanges au delà de son propre camp.  
Au niveau bruxellois par contre cela reste à prouver. Un patron de fédération c'est un peu de visibilité et beaucoup d'ennuis en plus. L'accession de Laurette Onkelinx à ce poste s'est faite en douceur, avec l'aval (et même l'appui, ce qui est rare) de son prédécesseur. Un passage de témoin plutôt qu'une conquête. Inconvénient de la situation : à gagner des batailles sans combattre on n'est qu'un général de pacotille, sans connaître l'état de ses troupes ni ses ennemis intérieurs, on joue l'autorité sans savoir si on la possède vraiment. La préparation des listes et la campagne à venir sont donc le baptême du feu de Laurette en terre régionale. 

Ce baptême du feu commence à la fin de l'année dernière. Lorsque les socialistes décident de placer Rudi Vervoort à la ministre-présidence en remplacement de Charles Picqué. C'est assurément l'acte fondateur de la présidence Onkelinx. 'À ce stade Laurette et Rudi s'entendent parfaitement c'est un atout pour nous' me confiait la semaine dernière un haut dirigeant socialiste. Un homme incarne cette entente, c'est Yves Goldstein, chef de cabinet du ministre-président. En tant que secrétaire du gouvernement bruxellois il prépare les décisions, assiste au conseil des ministres, règle les relations avec les autres partis de la majorité, trouve les compromis et ajuste les budgets. Et en plus de tout ça il informe et conseille la présidente de la fédération. Car Yves Goldstein, comme Ridouane Chahid, chef de cabinet adjoint, vient de la sphère Onkelinx. Il fut longtemps le monsieur Europe du cabinet de la vice première, avant de devenir aussi le Schaerbekois de l'équipe, pilotant les deux campagnes électorales communales. Un homme de confiance. Le placer chez le ministre président c'était indiquer que la présidente de la fédération entendait être bien informée et gérer les choses en direct. 'Il n'y a plus une nomination d'huissier qui lui échappe' confie un autre socialiste. Goldstein, Chahid, mais aussi Mayeur, Madrane,  Laaouej, Vannomeslaeghe : ce sont les yeux et les oreilles de Laurette Onkelinx. Une nouvelle génération d'élus, qui l'informent, la conseillent, filtrent et font remonter l'information, et redescendre les décisions. Retenez ces noms. Si Laurette Onkelinx perdure à la présidence ce sont les décideurs du Bruxelles de demain. 

Yvan Mayeur est probablement le plus connu d'entre eux. Dans quelques semaines bourgmestre de Bruxelles, il jouit d'une relative autonomie : la présidente de la fédération s'est bien gardée d'intervenir dans l'affaire Pereita. Cela aurait pourtant permis d'assoir son autorité et d'éviter une campagne de presse très négative pour le PS ( sans compter que l'argument pourra ressortir en campagne). Mais c'est le pré carré d'Yvan. Celui-ci comme Rachid Madrane a pour lui d'avoir été formé et propulsé par Philippe Moureaux. Ces deux-là jouissent donc d'une double légitimité : choisis par le bourgmestre de Molenbeek et confirmés par la vice-première ils incarnent une forme de continuité, l'avant-garde de la génération Onkelinx en quelque sorte. Tous les deux peuvent aussi faire valoir une réelle expérience d'élus communaux. Madrane, comme Vervoort réussit en outre un bon démarrage gouvernemental.  Ahmed Laaouej affiche un profil plus technicien : spécialiste des questions fiscales du PS, il participe à ce titre à une partie des négociations gouvernementales aux cotés d'Elio Di Rupo. Il est une figure qui monte, le probable leader du PS sur le nord ouest de Bruxelles même s'il n'a pas encore de grande base électorale et qu'il affiche un caractere plus gestionnaire que conquérant. Stéphane Vannomeslaeghe est l'homme de l'ombre, celui qui gère la fédération pour le compte de la présidente. 

À ce stade Philippe Close et Karine Lalieux, aux profils plus Di Rupiens semblent dans un second cercle. Mais ça ne veut pas dire sans contact. C'est le propre d'un président de fédération de s'appuyer sur tout le monde est de ne pas se contenter de sa garde rapprochée si il/elle veut durer. Et on notera que Philippe Moureaux est loin d'avoir disparu, qu'il continue de voir Laurette Onkelinx régulièrement, que Rudi Vervoort n'est pas qu'un représentant de commerce et qu'il maîtrise bien ses dossiers, et que Charles Picqué n'est pas aussi effacé qu'il le dit. 
Voici l'équipe. Et devant Laurette Onkelinx, déjà quelques solides dilemnes. Par exemple pour la seconde place à la chambre. Faut il reconduire Yvan Mayeur ou lui  préférer Émir Kir ou  Ahmed Laaouej ? Mayeur, c'est la continuité et un parlementaire de grande qualité. Mais n'est ce pas trop pour un seul homme ? Kir c'est l'assurance d'un gros score, Laaouej un pari sur l'avenir mais une inconnue électorale.  Pas simple. Idem pour la liste à la région. Mettre en ordre la génération Onkelinx prendra encore quelques mois.