19 janvier 2014

Demotte ironise sur l'agenda de Marcourt

   Avec l'humour on peut tout dire. Mieux même, on n'a pas  besoin d'être un psychanalyste de haut niveau pour savoir qu'il existe  des rires particulièrement signifiants. L'évènement humoristique dont je vais vous parler n'a pas été beaucoup relaté dans la presse, mais de très nombreux journalistes y ont pourtant assisté. 
   C'était le 14 janvier, mardi dernier, au château de la Hulpe. Comme chaque année les gouvernements wallon et de la fédération Wallonie-Bruxelles (ex-communauté Française) y reçoivent les journalistes. Drink debout dans les salons, puis repas dans une ambiance conviviale. C'est l'occasion d'échanger des amabilités, de converser quelques minutes en dehors d'un contexte profesionnel. Ministres, journalistes, porte-paroles, membres des cabinets ministériels se mélangent, un verre à la main et un sourire aux lèvres. Assez vite je repère deux absents : Jean-Claude Marcourt et Fadila Laanan ne sont pas là. Ils assistent à l'inauguration de la cité miroir à Liège. L'évènement liégeois était programmé à 18h, celui de la Hulpe à 20H, c'était donc en théorie compatible. Fadila Laanan arrive un peu plus tard, mais Jean-Claude Marcourt reste à Liège. 
  Puis vient le moment des discours. C'est Rudy Hermans qui prend la parole au nom de la presse wallonne et présente donc ses voeux aux gouvernements réunis. Un peu d'humour et de rosserie, c'est le principe de l'exercice "je salue la présence de Marie-Martine Schyns qui est avec nous pour la première fois et peut être la dernière " ou encore "le Wallon se demande si la dette wallonne est immense ou simplement colossale". On se détend, on rit, on applaudit les bons mots.
   Ensuite vient la réponse du ministre-président wallon. Et c'est là que ça dérape. Rudy Demotte  y explique les raisons pour lesquels Jean-Claude Marcourt est absent. Et tout sourire, précise aux journalistes qu'il ne faut pas y voir malice ou signe de mésentente entre les deux hommes. La cité miroir de Liège c'est important insiste Rudy Demotte, déjà rigolard. Et le ministre-président de citer un texte, qu'il présente comme celui de son vice-premier chargé de l'économie, ce qui donne à peu-près ceci (je n'ai pas pris de note, c'est donc approximatif) :  "la cité-miroir est un lieu ou le passé et le présent se donnent rendez-vous pour construire l'avenir". La salle explose de rire. Un tel style ampoulé, alambiqué, typique du plus mauvais guide touristique cela amuse des journalistes,  pas mécontents de moquer les discours  de communiquants qui se prennent pour des poètes. Rudy Demotte en rajoute alors deux tonnes.  "A la cité miroir l'art, la culture, la mémoire dialoguent pour nourrir votre curiosité et votre ouverture d'esprit". Cela va bien durer 2 minutes.  Le ministre-président est hilare, secoué de rires qu'il n'arrive plus à contrôler, et peine à finir ses phrases. La salle ressemble à une classe de lycée en plein chahut, les confrères rient à gorge déployée, et Jean-Claude Marcourt fait passer à tout le monde un très bon moment. 
   Dans l'assistance pourtant quelques porte-paroles et membres du cabinet Marcourt rient moins que les autres. Car tout le monde a bien compris. Demotte est en train de se moquer de l'emphase liégeoise de Marcourt. On rit de la pompe et de la prétention liégeoise. On rit du caractère parfois hautain de Jean-Claude Marcourt. On brocarde le choix d'agenda dicté par la proximité d'une élection qui a retenu l'absent loin de la presse.
   Derrière l'humour Demotte règle gentiment ses comptes avec Marcourt. Nous sommes en fin de législature. C'est peut être la dernière fois que Demotte prononce ce type de discours, il se lâche. Beaucoup de journalistes le savent : Marcourt et Demotte ne s'apprécient guère, et  espèrent ne plus se côtoyer au sein du même éxécutif. En gouvernement l'un pousse de gros soupirs et fait des réussites sur son iPad pour montrer son mépris. L'autre  utilise sa tablette pour commander un vélo quand son camarade prend la parole. Face à la presse on fait bloc. On affirme travailler en parfaite intelligence. Sauf quand l'humour, et une salle riant aux éclats, vous autorisent à dire autre chose que le discours officiel. 


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