01 juin 2014

Pourquoi le MR peut (veut) encore y croire

"Un projet progressiste" ... Dans mon billet précédent je suis parti  de cette déclaration de Laurette Onkelinx et j'ai tenté de la traduire en forme de coalitions. PS-CDH en Wallonie et PS-FDF-CDH à Bruxelles, cela forme bien des majorités progressistes. Le message a d'ailleurs été reçu 5 sur 5 par le FDF qui a immédiatement souligné ses convergences de programme avec le PS et pris publiquement ses distances avec le MR. Le MR n'a pas vraiment réagi. Le CDH reste silencieux. 
Je maintiens ce que j'ai écris : ces coalitions sont pure logique et valables politiquement et arithmétiquement parlant. À conditions d'aller vite et de découpler les régions du fédéral. 
Comme je l'ai aussi écrit l'equilibre à la chambre  reste l'argument majeur du MR pour espérer rentrer dans des majorités. Et le plus simple pour vous l'expliquer est de refaire ensemble les calculs. 
Imaginons que CD&V, SPA, OpenVLD montent ensemble dans une coalition fédérale (si c'est avec les nationalistes c'est un autre cas de figure j'y reviendrais peut être dans u autre billet) , cela donne 45 sièges. Une majorité dans le camp flamand, sans la NVA s'il vous plaît.  
PS et CDH pèsent eux 32 sièges, total  45+32= 77 sièges. La majorité à la chambre c'est la moitié des députés plus un : 76. Un siège d'avance, tous les parlementaires et tous les spécialistes qui suivent leurs travaux vous le diront,  trop juste. Ils suffit de deux absents ou d'un absent et d'un grincheux pour se faire renverser par l'opposition. Se passer à la fois de la NVA et du MR est donc injouable. 

De cette démonstration les militants libéraux et  beaucoup de journalistes politiques tirent la conclusion que le MR est donc appelé à monter dans les majorités régionales. C'est un raisonnement qui manque de rigueur ou  qui appartient au passé. Dans la Belgique fédérale d'aujourd'hui rien, absolument  rien, n'impose de faire des majorités symétriques. La preuve, il suffit de regarder les majorités sortantes. Affirmer le contraire n'est plus de l'observation  mais de l'idéologie (c'est d'ailleurs amusant de lire la presse sous cet angle ces derniers jours, les orientations des confrères ou leur prisme wallon/bruxellois/belgicain sont assez lisibles, et je ne fais bien sur pas exception). On PEUT faire des majorités symétriques mais on ne DOIT pas, c'est la stricte vérité. 

À ce que j'en sais le PS étudie donc les différents scénarios. J'ai croisé des élus PS  partisans de la coalition "progressiste" , d'autres qui militent (depuis longtemps) pour la violette et il en existent quelques uns qui croient à la tripartite classique (dont je me demande quand même à quoi elle sert puisque le 3ieme partenaire est inutile au moins en région wallonne). Côté MR on veut donc croire que la messe n'est pas dite et qu'on est encore dans le jeu. On pense même que si Laurette Onkelinx a évoqué le terme de progressiste c'est avant tout pour faire monter la pression sur les libéraux. Vieille technique de marchand de tapis : faire croire que vous voulez acheter chez l'un  pour faire baisser le prix du  marchand voisin. Avec un danger réel pour les socialistes : si les négociations s'enlisent MR et CDH auront des raisons de se parler... Et peut être de s'entendre. Car c'est aussi une vérité arithmétique qui n'a échappé à personne : le PS a la main. Ni plus ni moins. En cas d'échec la main passe. Reprenons nos calcus. Au parlement wallon MR et CDH pesent 38 sieges (sur 75 la majorité est à 38, il faudrait convaincre Ecolo, difficile mais possible). A Bruxelles MR-FDF-CDH en auraient 49, c'est confortable. Bien sur le problème du fédéral reste entier.  Mais si ce n'est pas encore a l'ordre du jour  les socialistes savent donc  qu'ils ne doivent pas musarder en chemin : ils ne sont pas incontournables. 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

18+12+9=39. Un peu moins confortable, non ?